Immigration au masculin

• Rééquilibrage des rôles conjugaux et tensions dans le couple :L’adaptation à une société plus égalitaire peut être déstabilisante, notamment lorsque la conjointe devient la principale source de revenus ou qu'elle revendique un nouveau partage.
• Stress migratoire et impact sur la relation de couple : Les pressions économiques, l’isolement social et la discrimination peuvent accentuer les tensions conjugales, poussant certains hommes à adopter des comportements de repli ou de contrôle excessif.
• Sentiment de perte de pouvoir : L’adaptation à une nouvelle société peut entraîner un sentiment de dévalorisation, d’anxiété et de perte de contrôle pour les hommes qui se voient confrontés à des difficultés économiques, et à l’incapacité de remplir les attentes de genre, et à une remise en question de leur rôle au sein de la famille. Ce sentiment peut être à la source de tensions conjugales qui, dans certains cas, peuvent mener à de la violence conjugale.
• Perte d’autorité familiale : L’écart générationnel entre parents et enfants, accentué par une adaptation plus rapide des jeunes et à la valorisation de leur autonomie au pays d’accueil, remet en question les modèles éducatifs traditionnels et peut entraîner des tensions dans la famille.
• Barrières culturelles : Les différences de valeurs entre le pays d’origine et le pays d’accueil, couplées à des difficultés linguistiques, peuvent compliquer l’adaptation à de nouveaux modèles conjugaux.

Recommandations pour une meilleure intervention auprès des hommes qui vivent des difficultés conjugales ou familiales

Face à ces défis, des stratégies adaptées permettent d’accompagner les hommes immigrants dans leur intégration et leur épanouissement familial. Parmi les principales recommandations figurent :

• Privilégier une approche intersectionnelle : Cette approche permet de comprendre l’interaction entre les facteurs qui peuvent favoriser l’émergence de comportements de violence ou d’agressivité. Cette approche permet d’éviter de culturaliser les comportements et de proposer des pistes de soutien beaucoup plus adaptées aux besoins et qui favorisent la mise en œuvre de facteurs de protection.
• Sensibiliser les intervenants et les former à l’approche interculturelle : Ce type de formation favorise la réflexion sur la posture d’intervention et les biais possibles qui peuvent être particulièrement présents dans les situations où de la violence conjugale est présente et nuire à l’intervention.
• Adapter les interventions et les programmes en violence conjugale et familiale : Les programmes doivent tenir compte des valeurs et expériences migratoires des hommes, en leur offrant des espaces de dialogue bienveillants où ils peuvent exprimer leurs vulnérabilités sans jugement, reconnaitre les émotions négatives (et les besoins sous-jacents) et développer des stratégies pour les exprimer.
• Développer des partenariats solides avec les personnes clés des communautés culturelles pour en faire des alliés : Les projets de prévention de la violence et de promotion des relations égalitaires qui misent sur des alliés sont particulièrement porteuses et permettent le renforcement des capacités des communautés elles-mêmes.
• Aborder le changement dans une perspective de soutien à l'adaptation : Afin de prévenir les tensions familiales et de soutenir les conjoints immigrants, certains changements de comportement dans la sphère familiale peuvent être préconisés en conformité avec le cadre légal et juridique. Or imposer les changements dans les habitudes en référence strictement à la Loi ou aux valeurs québécoises peuvent donner l'impression à ces hommes d'être jugés ou d'être inadéquats. Il est préférable d'aborder le changement sous l'angle de l'adaptation nécessaire à la réussite du projet migratoire familial. Par exemple, on veillera à reconnaître certains rôles traditionnels, tout en explorant avec eux la façon dont certains ce ces rôles peuvent être transformés par les circonstances migratoires.

Dans le cadre du colloque Immigration au masculin, des projets de recherche (O.Naweed et M. Hassan) et des initiatives porteuses (M.O.S.A.I.C, Clinique de Violence Domestique de McGill, White Ribbon et Alberta Mens’ Network) ont été présentés, explorant les dynamiques conjugales et familiales des hommes immigrants à travers des approches intersectionnelles et novatrices en matière de prévention et d’intervention. Ces travaux ont permis d’aborder ces enjeux sous différents angles, mettant en lumière des défis spécifiques ainsi que des pratiques prometteuses adaptées aux réalités culturelles des hommes immigrants.